En bordure d’une nationale pourtant très fréquentée, la Ferme automobile s’offre timidement derrière une végétation dense. Le temps semble suspendu, figé entre les murs effrités d’un ancien corps de ferme et la nature qui en reprend lentement possession. Le lierre grimpe aux façades, s’immisce dans les encadrements de fenêtres, et la lumière filtre à travers les toitures éventrées.
Au sol, des pneus noirs sont disséminés ça et là, vestiges d’une activité passée, bien qu’aucun véhicule ne soit visible. Les murs, eux, ont été investis par les graffeurs : fresques artistiques, slogans effacés, esquisses maladroites racontent à leur manière l’abandon du lieu.
Pour le photographe que je suis, la ferme est un réservoir d’ambiances et de contrastes. La vieille pierre, le métal rouillé et le bois rongé par l’humidité composent une palette riche en textures. La lumière sculpte les volumes, tandis que les teintes naturelles dialoguent avec les couleurs vives des tags.
La Ferme automobile est un lieu discret, qui révèle une atmosphère singulière, entre poésie rurale et abandon urbain.
